Enseignant professionnel de Karaté et d’Aïkido, Nicolas Lorber animera un stage le 30 avril à Valence !
Voici quelques fragments d’une interview qu’il a accordé à Simon Gousseau pour la newsletter de l’école Kishinkaï. J’ai sélectionné les morceaux permettant de percevoir la richesse de la vision de Nicolas.
Je vous invite à venir à sa rencontre samedi 30 avril, le stage est ouvert à tout pratiquant de toute discipline !

Comment as-tu intégré l’aïkido dans ton Karaté ?
Petit à petit ma pratique de l’Aikidō a fait émerger en moi une nouvelle façon de bouger. Tout s’est alors ordonné autour de principes communs.
Enseignes-tu les deux disciplines dans tes cours ?
Je transmets à mes élèves à la fois le Karaté Shotokan et l’Aikidō Kishinkai, de sorte que s’ils vont à un stage de l’une ou l’autre des disciplines ils ne soient pas perdus. Concrètement, je peux faire travailler une technique d’Aikidō que je vais ensuite intégrer dans un enchainement frappe-parade du Karate.
Pour l’enseignement de l’Aikidō je reste le plus fidèle possible, mais j’ai adapté la pédagogie à un public de karatékas, notamment en abordant davantage les frappes « cachées ».
Pour le Karate, si les formes du Shotokan sont intactes, les principes ont été adaptés. Par exemple, normalement en Shotokan la main part après le corps, ce qui n’est pas compatible avec le travail du Kishinkai.
Pourquoi placer le corps en premier ?
Cela permet de développer plus de puissance. C’est l’objectif du mythique coup qui tue. Mais d’une part cette façon de faire n’est pas cohérente avec la menace d’une lame, et d’autre part il n’est pas nécessaire de développer autant de puissance pour prendre l’ascendant, tant que l’on est capable d’enchainer.
Quel est le contexte de pratique de ton Karate ?
Le même que celui du Kishinkai, à savoir le combat de survie. Cela n’empêche pas de proposer des exercices éducatifs ou du travail plus sportif, mais l’essence de ma pratique reste une situation où tout peut arriver.
Comment s’intègre le travail du sabre dans ton Karate ?
Il y a un lien direct entre les frappes, les projections et les armes. Les avantages à l’utilisation des armes sont multiples : donner du sens, révéler nos défauts et ajouter du stress supplémentaire qui est très intéressant pour l’apprentissage.
Il ne faut pas oublier que le Karate japonais comme le Shotokan a été inspiré par le sabre, notamment l’école des deux sabres, et cela ressortait d’ailleurs beaucoup dans le karaté de Kase sensei. Le sabre est donc en lien permanent avec mon karaté et y a toute sa place.
Qu’apporte le travail libre ?
Trop souvent l’apprentissage des Budō s’arrête à la première étape de l’apprentissage : la situation idéale avec un attaquant unique dont l’attaque est connue. Il est indispensable de dépasser ce premier stade et de faire du travail libre avec des attaques indéterminées, des enchaînements et des kaeshi [NDLR : retournements]. Ainsi, le pratiquant développe petit à petit son adaptabilité, corporelle et mentale.
En travail libre, il est souvent plus rapide de placer une frappe qu’une technique. Comment s’intègre l’Aikidō ?
D’une certaine façon, les techniques d’Aïkido sont des frappes.
Par exemple, sur irimi kokyu nage il y a deux possibilités. Soit ma main frappe et touche la tête, soit uke évite la frappe et chute, on parlera alors de kokyu nage. Mais c’est en fait la même chose. La différence entre la frappe et la projection, c’est que dans le second cas uke a réussi à « minimiser » les dégâts.
Même pour des techniques plus complexes, il suffit de les penser comme des enchainements de frappes ou de coupes qui suivent simplement des opportunités offertes par l’attaquant. Idéalement le premier mouvement serait le dernier. Mais la réalité n’est jamais la situation idéale.
